Fondée en 2017 par Edgard Soquenne et Vincent Retailleau, Ostium Group répond aux problématiques des pratiques chirurgicales et de la logistique autour du bloc opératoire en proposant aux sociétés vendeuses d’implants orthopédiques tout un ensemble de kits de pose à usage unique et revalorisable. Prothèse de hanche (PTH), puis prothèse totale de genou (PTG) ou prothèse d’épaule (PE) dans un futur proche : rentrons dans le détail d’une offre unique en Europe !
Informations Entreprise : Monsieur Soquenne, quel regard portez-vous sur le système médical français ?
Edgard Soquenne : La santé en France reste extrêmement performante et pertinente. Notre réputation n’est plus à faire, et il convient de l’indiquer. Pour autant, nous arrivons aujourd’hui à un moment charnière. La crise de Covid-19 a accéléré une réalité qui émergeait depuis plusieurs années déjà ; l’écart grandissant entre la volonté et les moyens !
Globalement, notre système est à bout de souffle, et malgré la grande compétence de nos opérateurs et la base exceptionnelle de notre offre de santé, notre pays n’arrive plus à suivre le rythme des évolutions technologiques et sociétales. Notre savoir faire à de plus en plus de mal à atteindre le patient final par manque de moyens.
Ces trous dans la raquette, que nous bouchons au fur et à mesure au lieu de les anticiper, sont d’autant plus palpables lorsque l’on touche aux spécialités. C’est à peine croyable, mais aujourd’hui en France, le manque d’organisation est tel que certains de nos concitoyens doivent attendre jusqu’à 8 mois avant d’avoir un rendez-vous de spécialité, c’est une hérésie pour un pays tel que le nôtre !
Le monde médical français semble évoluer moins vite que le reste du monde, il convient ainsi d’agir en conséquence, de tout urgence.
I.E : Quelles sont les solutions à privilégier ?
Edgard Soquenne : Comme je l’ai évoqué, les problèmes d’organisation sont à la base de cette défaillance. À titre d’exemple, les urgences hospitalières sont aujourd’hui embolisées à plus de 80% par des pathologies mineures. Ce n’est pas le rôle des urgences de traiter ce genre de cas. Ici, une première solution serait par exemple de créer bien plus de maisons médicalisées intermédiaires, liées aux urgences légères, afin de hiérarchiser le soin.
Simplifier notre organisation, c’est aussi allouer les bonnes ressources aux bons endroits. Si vous vous êtes récemment retrouvés aux urgences, vous avez pu voir des médecins courir tout azimut afin de combler le manque d’effectif, avec en prime, la nécessité de rester derrière un ordinateur pendant des heures dans le but de répondre aux exigences administratives. Encore une fois, c’est une hérésie. Le médecin est là pour « soigner », il devient donc indispensable de fluidifier le mille feuilles administratif pour leur permettre de se concentrer à nouveau sur leur cœur de métier.
I.E : Qu’en est-il des pratiques chirurgicales ?
Edgard Soquenne : La situation est malheureusement identique, même si depuis peu de temps, nous observons une volonté d’aller de l’avant. Concernant la chirurgie orthopédique, les États-Unis ont par exemple fait le choix de favoriser une approche ambulatoire afin de lisser les flux pour les interventions prothétiques de première intention, et ainsi dégorger les hôpitaux en rendant les opérations plus efficientes.
En France, la réflexion de ces chirurgies ambulatoire, s’accélère toujours dans cette optique de s’attaquer à la logistique du bloc opératoire, qui reste incontestablement le nerf de la guerre.
I.E : Comment Ostium Group aborde-t-il ces évolutions ?
Edgard Soquenne : Ostium Group est spécialisé dans l’orthopédie. Au risque de paraître répétitif, notre approche s’est intégralement construite autour de la fluidification du trafic pour tous les acteurs de la profession.
Ici, notre preuve de concept est basée sur une boite à outil à usage unique, généralement nommé ancillaire. L’objectif ? Faciliter la vie des chirurgiens et des Infirmières de bloc opératoire (IBODE) et apporter la sécurité pour le patient ! En pratique, nous proposons une boite allégée et simple, qui permet aux panseuses de ne plus perdre de temps sur le traitement, la stérilisation, et plus encore. Nous supprimons purement et simplement ces étapes en récupérant la boite afin de la revaloriser au sein d’une filière en dehors de la santé développée par nous, comme l’aéronautique ou l’automobile. C’est un véritable changement de paradigme. Notre offre simplifie la vie du personnel soignant, qui profite ici d’un matériel neuf et stérile au service du patient, mais aussi du vendeur d’implant ! Gain de temps, trafic fluidifié ; notre apport est tentaculaire !
I.E : Ostium s’attaque donc indirectement à la question écologique et légale.
Edgard Soquenne : Tout à fait ! Éco-conception, recyclage ; il n’est aucunement question de greenwhasing. L’approche que nous prônons a été fondée en amont de cette mode. Cette démarche responsable s’inscrit dans la protection des prochaines générations, mais aussi des consommateurs actuels, en quête de solutions au diapason des enjeux de notre époque. Nous créons ainsi activement tout un ensemble de partenariat pour pousser dans ce sens, nous sommes d’ailleurs soutenus par l’ADEME dans l’étude des cycles de vie de nos produits.
Cette responsabilité, nous la portons également aux niveaux des normes européennes. Notre secteur a trop longtemps été la proie de quelques acteurs peu scrupuleux, profitant des largesses législatives pour générer du profit à tout prix. Si l’État et l’Europe ont logiquement décidé de légiférer, certains organismes notifiés privés se sont sournoisement organisés en plaçant des règles trop ambitieuses, avec, au passage, des coûts de certifications exorbitants. Ici, nous assistons à un véritable hold-up ! Cet état de fait embolise les acteurs du secteur, notamment les startups, obligées elles aussi, d’obtenir ces sacro-saintes certifications. Ce ne sont pas les normes que je critique ici, mais bien ceux qui les contrôlent !
Il est aujourd’hui grand temps de faire évoluer notre système de santé afin d’orienter de nouveau l’action de soins vers et pour le patient sans être au détriment des acteurs de l’ensemble de la filière. Ostium Group, entreprise à missions, et ses partenaires se positionnent comme de véritables acteurs du changement, notre métier induit une grande responsabilité, nous devons avoir les moyens d’agir.