Créé en 2019 par Benjamin Mercuriali, à la croisée entre PropTech, bureau d’études et société de conseil, le groupe AEGILIM a fait de l’émergence de l’Asset Management Vert son cheval de bataille. Constitutif d’une ambition profonde portée par son fondateur, l’ADN de cette jeune entreprise résonne à travers un objectif clair : rendre disponible et compréhensible la performance énergétique des actifs afin de l’améliorer, tout comme la performance « carbone », au meilleur prix !
Informations Entreprise : Pourquoi le groupe AEGILIM porte-t-il son attention sur l’Asset Management Vert ?
Lucas Belaid (associé du groupe AEGILIM) : Si notre offre n’est que la simple résultante de nos convictions, elle a également été conditionnée par une réalité pour le moins incontournable. L’urgence climatique, le coût de l’énergie et les nouvelles législations poussent l’ensemble de notre secteur à réfléchir à des solutions afin d’optimiser les usages, les processus et les coûts. Ne l’oublions pas, la fête est fine. Il faut que l’Asset Management Vert advienne dans un moment de marché particulier propice et dans une temporalité accélérée
Benjamin Mercuriali (fondateur du groupe AEGILIM) : Depuis maintenant 10 ans, une filière se monte autour du durable, avec plusieurs générations d’intervenants. Les bureaux d’études participent activement à l’avènement de nouvelles solutions et approches. Ceci étant dit, cette typologie d’acteurs présente également les défauts corollaires à ses qualités, en l’occurrence un hyper-focus posé sur des problématiques ciblées permettant uniquement une conception bâtiment par bâtiment, en fonction du point de friction à résoudre. Ils ne prennent pas non plus en compte les contraintes spécifiques des clients, notamment de leur réelle possibilité d’action.
Si cette première approche n’amène pas l’éclosion d’une solution macro, l’apparition des plateformes digitales a permis par la suite d’agrandir le spectre d’analyse. Pour autant, alors que certains ont cru trouver le Saint Graal, la réalité pratique pondère la chose ! Nous nous sommes en effet rendu compte que malgré le gain de temps, ces solutions ne règlent pas tout. Si la donnée est là, parfois non maitrisée, non qualifiée, il s’agit de savoir comment l’organiser et l’évaluer. Comment la rendre efficiente, palpable, disponible, compréhensible, en suivre l’exhaustivité et surtout l’exploiter ?
De ce postulat, nous arrivons désormais à l’aube de quelque chose de nouveau. Nous savons qu’il n’y a pas de solution simple. Nous évoluons au sein d’une thématique dense, aussi bien techniquement que réglementairement, qui nécessite une véritable connaissance métier. Ce qui compte, ce n’est pas de privilégier le bureau d’étude ou la plateforme, mais de mettre à la disposition du client un accompagnant métier capable de comprendre la spécialité abordée, tout ce qu’elle recouvre comme contraintes et opportunités, et ce que la filière peut réellement proposer ou faire.
C’est cette nécessité qui m’a conduit à créer AEGILIM. Nous ne nous positionnons pas comme un vendeur de plateforme ou d’audit mais comme un acteur pragmatique de l’immobilier, qui pousse les stratégies et les moyens pour l’ensemble de ses clients, conscient du temps réel des projets. Nous accompagnons nos clients dans le déploiement des actions retenues. Car ce n’est qu’au franchissement de la ligne d’arrivée que seront constatés les impacts réels des mesures d’amélioration engagées.
I.E : Au sein de votre secteur, quelle importance prend le décret tertiaire ?
Lucas Belaid : Avant d’aborder le décret en tant que tel, il faut comprendre qu’au-delà des différentes strates énumérées par Benjamin, l’immobilier se financiarise (déploiement des méthodes d’analyses économiques issues de la gestion financière appliquées à l’immobilier). C’est une variable essentielle car elle induit désormais un besoin d’accompagnement sur le moyen / long terme. Il est fondamental de prendre en compte les spécificités financières de nos clients afin de proposer la bonne préconisation. En ce sens, nous ne pouvons pas être court-termistes. Il nous faut aller au-delà des aides de l’État et des évidences. Concernant nos premiers résultats, nous constatons qu’ils sont aussi attendus par les clients de nos clients, les locataires, et qu’ils facilitent leur mobilisation mais aussi parfois les négociations, et permettent d’éviter d’éventuels litiges sur un sujet qui nous concerne tous.
Partant de là, la question du décret tertiaire induit principalement l’obligation de connaître les enjeux des propriétaires et des locataires. Ces derniers doivent travailler en tandem, mettre leurs objectifs au diapason afin de créer une organisation vertueuse. C’est en tout cas l’approche que nous privilégions : accorder les deux parties afin de définir conjointement objectifs, contraintes et plan d’action. Un plan d’action visant la sobriété énergétique ! Évidemment, il convient ensuite de mobiliser tous les acteurs impliqués (les gestionnaires, les mainteneurs, les property…)
Benjamin Mercuriali : Malheureusement, ce ne sont pas les beaux discours qui changent le cours de l’histoire. Derrière chaque mutation se cache avant tout une raison économique, et il convient d’en prendre conscience lorsque la raison n’est pas tout simplement l’absence d’autres solutions.
Ainsi, concernant le sujet de la sobriété énergétique et son corollaire la limitation des émissions de gaz à effet de serre, la principale problématique « fin du mois / fin du monde » va de pair avec « écologie / économie ». Ces antagonismes marketing traduisent un monde clivé, dont il faut réconcilier les parties prenantes. Aujourd’hui, elles doivent s’aligner et s’unir afin que les choses avancent et soient mises en œuvre efficacement. C’est en faisant comprendre aux propriétaires et aux locataires que leurs intérêts peuvent être mis en commun que nous aurons un réel impact.
I.E : Pouvez-vous illustrer en pratique la proposition d’AEGILIM ?
Benjamin Mercuriali : AEGILIM se positionne comme un expert de l’Asset Management Vert, capable de créer une synergie autour des notions que nous venons d’évoquer. Notre objectif est de construire une approche pragmatique pour répondre aux besoins spécifiques de nos clients, d’aller chercher la valeur « verte » de leurs actifs en aidant à l’amélioration environnementale raisonnée de ceux-ci.
La financiarisation du secteur a entrainé une perte de connaissances techniques. Nous venons rééquilibrer la chose en permettant aux acteurs de l’immobilier de déployer leurs actions. Pour ce faire, notre groupe se structure autour d’une société de conseil indépendante, avec à date deux filiales permettant de remplir les missions d’AEGILIM : d’un côté AEGEON, qui assure les outils technologiques dont nous avons besoin - de l’autre MILIGEA, le bras armé d’AEGILIM pour un déploiement efficace de nos prescriptions. Demain, d’autres filiales verront sans doute le jour en fonction des besoins que nous jugerons pertinents d’adresser.
Cette structuration est tout sauf anodine. Elle nous permet principalement d’accompagner nos clients sur des temps longs car cela est nécessaire, notamment au regard des ROI qui s’étalent sur plusieurs années, tout comme les stratégies de détention des actifs de nos interlocuteurs (core, core+, value add).
De la même manière, la première étape du Décret Tertiaire à 2030 est un des objectifs à atteindre, devant se cumuler avec d’autres tels que ceux de la loi LOM, du décret BACS, de la Stratégie Nationale Bas Carbone ou encore de la Taxonomie européenne qui ont tous un impact sur le premier.
Cette imbrication complexe oblige à revoir et adapter régulièrement les stratégies et plans d’actions, ce qui n’est possible que par un accompagnement long terme pour toujours être à jour et quantifier l’efficacité de nos actions et préconisations.
I.E : Quels sont vos projets ?
Benjamin Mercuriali : AEGILIM double son chiffre d’affaires chaque année, ainsi que ses effectifs. Nous souhaitons naturellement continuer sur cette voie. Mais attention, le but n’est pas de croître pour croître : il s’agit de grandir tout en maîtrisant la qualité de notre proposition. C’est le seul et unique moyen de conserver la confiance de nos clients et de continuer à proposer une partie de nos rémunérations alignée sur leurs résultats.