Le marché des véhicules de collection suscite à la fois passion et controverse, notamment
autour de leur impact environnemental et de leur accessibilité financière. Alors que la demande pour des icônes comme le Combi T1 ne cesse de croître, les défis se multiplient. GS Do Brasil, dirigée par des passionnés, s’impose dans ce contexte comme un acteur clé de la préservation et la revitalisation de ces légendes mécaniques. Travaillant sur l’histoire automobile brésilienne et proposant une large gamme de véhicules, la société a fait du Volkswagen Combi T1 - construit au Brésil depuis 1957 - son indétrônable best-seller.
Informations Entreprise : Comment envisagez- vous l’évolution du marché des Combi T1 dans les années à venir, notamment face à l’augmentation de la demande pour les véhicules de collection ?
Julien (Co-fondateur et Président GS do Brasil) : Le marché des Combi T1 a radicalement évolué au cours des dernières années. Autrefois restreint à un cercle fermé, dû à sa provenance exclusivement d’Europe, il s’est largement ouvert grâce à des marchés comme le Brésil ou la production de Combis T1 a été encore plus importante qu’en Allemagne.
Cependant, l’accès financier à ces véhicules restait un obstacle majeur, avec un coût d’entrée souvent prohibitif. De plus, les importations de mauvaise qualité ont longtemps terni l’image de ce véhicule emblématique.
Aujourd’hui, des sociétés comme la nôtre, qui se consacrent à la restauration et à la vente de Combi T1, ont su inverser cette tendance en proposant des modèles de haute qualité à des prix compétitifs. Le Combi T1 n’est plus seulement un véhicule vintage ; il est devenu un véritable objet de collection, apprécié pour sa polyvalence et son caractère intemporel. Ce véhicule, que l’on retrouve dans la culture populaire à travers des films et des dessins animés, est désormais perçu comme un produit haut de gamme. La vue de ce véhicule nous projette instantanément dans un imaginaire d’évasion et de grand espace.
Thomas (Co-fondateur GS do Brasil) : Parallèlement, nous avons observé un changement significatif de nos clients, qui sont passés de passionnés à une clientèle plus fortunée, incluant des investisseurs. Le prix moyen d’un Combi T1 a grimpé, augmentant de 10 à 20 % par an, ce qui en fait une valeur sûre pour les collectionneurs qui cherchent à diversifier leur portefeuille d’investissements. En outre, la demande pour des locations de ces véhicules est en plein essor, ce qui renforce leur rentabilité. Aujourd’hui, le Combi T1 est à la fois un symbole de liberté et un investissement financier stratégique.
I.E : Comment cette dynamique influence t-elle votre stratégie d’entreprise ?
Thomas : L’entrée des Américains sur le marché du Combi T1 a eu un impact considérable, bien plus important que celui des Hollandais ou des Allemands. Les clients américains, disposant de fonds plus conséquents, ont propulsé les prix à des niveaux sans précédent.
Pour faire face à cette situation, nous avons diversifié notre offre. Nous proposons désormais deux types de restaurations : une restauration haut de gamme, où chaque étape est suivie par le client, depuis le choix des matériaux jusqu’à la personnalisation finale avec des options comme des volants sur mesure ou des initiales peintes à l’aérographie. En parallèle, nous avons développé une offre plus accessible, avec des restaurations efficaces et sécurisées, réalisées en cinq mois au lieu de douze. Cette approche nous permet de toucher un marché plus large tout en maintenant des prix plus compétitifs.
La clé de notre succès réside également dans notre réseau au Brésil, où nous avons accès en avant-première à des véhicules de qualité, souvent avant même leur mise en vente officielle. Cette stratégie nous a permis de stabiliser nos coûts tout en continuant à offrir des Combi T1 de qualité, répondant aux attentes diverses de notre clientèle internationale.
I.E : Quels sont les principaux défis que vous rencontrez lors de la restauration de Combi T1?
Thomas : L’un des principaux défis est la gestion de la corrosion. Ces véhicules, souvent utilisés dans des environnements agricoles, sont exposés à des conditions favorisant la rouille, ce qui peut entraîner des problèmes à long terme. Pour y remédier, nous suivons un processus rigoureux : après un nettoyage initial, nous décapons le véhicule avec un jet d’aluminium, puis le plongeons dans une solution chimique qui élimine toute trace de corrosion. Ce traitement, suivi d’une restauration complète, garantit la durabilité du véhicule.
En parallèle, nous révisons entièrement la mécanique, en remettant à neuf les moteurs, freins, suspensions et boîtes de vitesse, tout en traitant les pièces pour prévenir toute corrosion future. Il est crucial de vérifier ces aspects lors de l’achat, car la corrosion et les défauts mécaniques peuvent être dissimulés, compromettant la qualité du véhicule à long terme.
I.E : GS Do Brasil va bien au-delà de la simple restauration de véhicule.
Julien : Tout à fait ! Chaque Combi T1 que nous restaurons bénéficie d’un processus de mise en service rigoureux avant la livraison. Nos équipes testent en conditions réelles tous les aspects mécaniques et esthétiques du véhicule avant livraison.
En termes de garantie, nous proposons une couverture complète d’un an sur l’ensemble des pièces et de la mécanique. Cette garantie reflète notre engagement envers la qualité et la fiabilité des restaurations que nous effectuons. Nous savons que l’acquisition d’un Combi T1 représente un investissement à long terme ; notre expertise nous permet de proposer
des solutions sur mesure en cas de problème, qu’il s’agisse de maintenance régulière ou d’interventions spécifiques.
Thomas : Dans un second temps, nous assurons un suivi personnalisé, à travers un accompagnement à distance. Grâce à notre réseau de partenaires, nous pouvons également organiser des révisions et des entretiens, localement.
Ce niveau d’accompagnement est le reflet de notre expertise accumulée au fil des années. Nos équipes spécialisées travaillent main dans la main avec chaque client pour que l’expérience GS Do Brasil soit à la hauteur des attentes, même après l’achat.
I.E : La restauration des véhicules anciens est également perçue comme un moyen de préserver un patrimoine. Quel est votre point de vue ?
Julien : Il y a un débat constant autour des véhicules de collection, souvent perçus négativement en raison de leur impact environnemental. Mais contrairement aux voitures modernes - qui sont fréquemment remplacées - ces véhicules traversent les décennies sans finir à la casse. Les véhicules anciens ont des qualités indéniables qui regroupent les générations par le partage des souvenirs. Ils ne sont pas des objets de consommation éphémère, mais des témoins de notre patrimoine, avec une durée de vie potentiellement de 60 à 80 ans.
Ainsi, notre objectif est de restaurer ces véhicules pour qu’ils continuent de rouler encore longtemps. Au-delà de leur aspect pratique, ces voitures véhiculent une émotion unique, une connexion avec le passé que les voitures modernes ne peuvent offrir. Les restaurations que nous effectuons respectent les traditions, en utilisant des pièces et des peintures d’origine, pour garantir que ces véhicules restent fidèles à leur héritage tout en étant adaptés aux besoins des nouvelles générations.
I.E : Comment voyez-vous l’évolution de votre marché ?
Thomas : Les tendances automobiles varient selon les pays, influencées par l’histoire et la culture locale. Le Combi T1, cependant, bénéficie d’une image mondiale. Que ce soit en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud, ou en Europe, on retrouve ce véhicule iconique partout, souvent associé à des objets dérivés. Ce phénomène témoigne de son statut unique.
En tant qu’entreprise, notre principal défi est de répondre à la forte demande malgré des capacités financières limitées. Actuellement, tous nos Combi sont principalement vendus avant même d’arriver en France. Nous envisageons d’élargir notre offre, notamment en développant la location, très demandée, et en créant une expérience immersive pour nos clients. Un autre défi majeur est l’approvisionnement en véhicules à restaurer, car les bonnes bases deviennent rares, ce qui augmente les coûts. Enfin, nous explorons la possibilité de rétrofiter ces véhicules en versions électriques, mais cela dépendra des régulations, notamment en France.
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