Le « Grass-Fitting », un concept lancé par Cheval O’Vert qui accompagne les détenteurs d’équidés, professionnels comme particuliers, dans la compréhension fine et le pilotage de leurs herbages, oeuvrant ainsi pour le bien-être et la bonne nutrition des chevaux… Mais pas seulement ! Delphine et Arnaud permettent également à leurs clients de faire des économies non négligeables et de réduire leur production de gaz à effet de serre. Rencontre avec ces deux passionnés, experts agronomes et nutritionnistes équins.
Informations Entreprise : Vous avez pris le parti en 2021 d’accompagner les propriétaires d’équidés dans la gestion de leurs prairies. Quel constat vous a poussés à vous lancer sur cette voie et à créer Cheval O’Vert ?
Delphine Franckson : Nos activités d’ingénieurs agronomes et notre passion commune pour la nature et les chevaux nous ont permis de constater le manque de professionnels dans ce secteur, face à une demande pourtant importante d’accompagnement. La bonne gestion des prairies permet d’obtenir une alimentation de qualité pour les chevaux, à bas prix et avec une empreinte écologique minime comparé aux autres formes d’aliments. Une prairie en bonne santé représente également un puits de carbone potentiel et rend de nombreux services écosystémiques tels que la lutte contre l’érosion du sol, une réserve d’habitats et de nourriture pour la biodiversité animale et un biotope de qualité pour la biodiversité végétale. A contrario, lorsqu’elle est mal gérée, la prairie devient un désert écologique, voire une source importante de pollutions, allant même jusqu’à représenter un danger pour la santé des chevaux lorsqu’apparaissent des plantes toxiques, ou quand la valeur alimentaire du couvert végétal ne répond plus à leurs besoins nutritionnels.
I.E : Quelles sont les principales problématiques que rencontrent vos clients et comment les accompagnez-vous pour les aider à les résoudre ?
Arnaud Farinelle : Nos clients sont très divers, il y a donc de nombreuses raisons qui les poussent à nous contacter : fourrage trop riche en sucres pour des chevaux sensibles à la fourbure, trop pauvre en protéines pour des poulinières ou pour des jeunes en croissance, trop pauvre en énergie pour des athlètes ou des séniors… Notre travail nous positionnant à l’interface entre la nutrition et la gestion agroécologique de l’environnement équin, nous apportons une réponse à plusieurs problématiques en même temps. Nos différents outils sont, entre autres, la cartographie, le diagnostic prairial, l’établissement d’un calendrier de pâturage ou de fauche, l’évaluation de la flore et la réalisation d’analyses (de sols et de foin) et l’interprétation détaillée de leurs résultats. Nous réalisons également des bilans alimentaires et des audits complets d’écurie. Tout ceci nous permet de proposer à nos clients des solutions globales et adaptées à chaque cas. Delphine Franckson : Les personnes qui travaillent avec nous saisissent rapidement tout l’intérêt de pâturer une prairie au bon moment pour en faire une source naturelle de fibres, nécessaires à la bonne santé du cheval. Selon la flore présente, l’herbe est naturellement riche en vitamines, en certains minéraux, en acides gras essentiels et même en d’autres principes actifs aux propriétés médicinales, vermifuges, etc. Nos audits d’aménagements aboutissent aussi à des projets complets de rénovation de prairies, de plantation d’essences locales, l’aménagement de haies, d’îlots herbacés favorables à la biodiversité. Ceci permet l’obtention de prairies polyvalentes et résilientes, qui fourniront une alimentation de qualité, adaptée aux besoins de chaque cheval, un refuge pour la petite faune et une réserve végétale incroyable. Le tout formant un cadre esthétique, ce qui ne gâche rien !
I.E : Les changements climatiques de ces dernières années ont-ils fortement impacté votre activité ?
Arnaud Farinelle : Oui, les événements extrêmes – qu’il s’agisse d’inondations ou de canicules – orientent notre réflexion et nos recommandations. Il est indispensable de garder en tête qu’un écosystème en bonne santé, avec un grand nombre d’espèces végétales, animales et microbiennes, représente un environnement non seulement plus résilient face aux bouleversements climatiques mais aussi plus sain et plus stable par rapport à l’apparition et au développement de certaines maladies ou de leurs vecteurs (tiques, moustiques, rongeurs, parasites digestifs, etc.). Notre expertise, couplée à nos contacts réguliers avec le corps vétérinaire, nous permettent de suivre les avancées de la recherche afin de conseiller au mieux nos clients.
I.E : Vous venez de lancer une plateforme de formation en ligne afin de partager vos connaissances sur les prairies et la nutrition des équidés. Vous avez même décidé de mettre au point un cursus professionnalisant. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Delphine Franckson : En plus de nos visites, nous proposons régulièrement des conférences et des ateliers, en ligne et en présentiel, sur des sujets divers ; mais également une formation longue en 10 modules, dont l’ambition est de rendre les élèves
autonomes dans la gestion de leurs herbages et dans l’alimentation de leurs chevaux. Nous y abordons, par exemple, la croissance de l’herbe, la fertilité du sol, la biodiversité, la gestion de l’environnement… Cette formation se déroule en ligne avec des moments en « live » où nous échangeons directement avec les élèves, pour vérifier que tout a bien été intégré et répondre à leurs questions. Nous avons aussi constaté qu’un nombre élevé de professionnels de la santé équine, d’agronomes ou de commerciaux au sein de firmes d’agrofourniture souhaitaient aussi se former. Il nous est donc apparu judicieux de réfléchir à leur proposer des journées de contenus spécifiques et, pourquoi pas, un programme encore plus poussé et certifiant, dès 2025.